Si le Plan d’épargne retraite (PER) est connu sous son angle fiscal et successoral avantageux, un autre aspect tout aussi pertinent mérite une attention stratégique particulière. Il s’agit des versements programmés qui représentent une puissante mécanique d’optimisation, tant pour la gestion financière que patrimoniale.
Effet de lissage et réduction du risque de marché
Les marchés financiers sont volatils. Placer un capital important à un instant T expose à ce que l’on appelle le risque de timing. Les versements programmés permettent un lissage de l’investissement, réduisant l’exposition aux fluctuations soudaines. Cette stratégie rejoint le concept anglo-saxon de "dollar-cost averaging", qui consiste à acheter des parts d’actifs à intervalles réguliers, à des prix variables, et donc à obtenir un coût moyen d’achat potentiellement plus favorable.
Discipline d’épargne et automatisation
La régularité crée l’habitude. En mettant en place des versements mensuels ou trimestriels, l’épargnant s’exonère du dilemme émotionnel lié à l’acte d’investissement ponctuel. Cette discipline plus ou moins forcée s’avère précieuse dans les périodes d’incertitude pendant lesquelles la tentation de rester liquide peut nuire aux performances à long terme.
Optimisation fiscale continue
L’un des atouts phares du PER réside dans la déductibilité des versements volontaires du revenu imposable (dans la limite des plafonds). Les versements programmés permettent de lisser cette déduction dans le temps, amoindrissant les effets de surtension de trésorerie en fin d’année. Pour les contribuables fortement imposés (TMI supérieur à 30%), cela revient à transformer une charge en actif au moyen d’un levier fiscal puissant. En savoir plus sur per. fr.
Les stratégies patrimoniales à envisager
Adapter la périodicité au profil fiscal
Il est pertinent de calibrer les versements en fonction de son niveau d’imposition, de ses charges déductibles et de son évolution professionnelle. Par exemple, un dirigeant d’entreprise ou un professionnel libéral pourra moduler les montants trimestriellement en fonction de la saisonnalité de son activité ou des résultats de son BIC/BNC.
Utiliser les versements programmés comme outil de pilotage de l’allocation
Certains PER proposent une gestion pilotée à horizon, mais l’investisseur averti est libre de combiner ses versements programmés entre plusieurs supports (fonds en euros, unités de compte). En affectant différemment selon la conjoncture (par exemple, plus d'UC quand dans un contexte de marchés baissiers), il est possible de construire une allocation dynamique sans recourir à une gestion totalement automatisée.
Opter pour des rachats programmés
Un PER peut être converti en rente ou faire l’objet de rachats fractionnés. En mettant en place des versements programmés pendant la phase de constitution du capital, l’épargnant structure ses rachats programmés en phase de retraite, créant une symétrie de flux qui facilite la prévisibilité et la gestion budgétaire post-retraite. Cela peut s’avérer pertinent pour compléter une pension de base peu généreuse.
Les limites à garder en tête
Malgré ses atouts, les versements programmés ne sont pas exempts de précautions. Ils peuvent induire une certaine rigidité budgétaire, notamment en cas d’aléas personnels ou professionnels. De plus, la fiscalité à la sortie doit être anticipée pour une meilleure gestion des fruits de l’épargne, que ce soit lors d’une sortie en capital ou en rente viagère.
Rappelons aussi que certains contrats prélèvent des frais à chaque versement. Il convient donc de choisir un PER compétitif, voire sans frais d’entrée ou avec des arbitrages peu gourmands en prélèvements. Il peut alors s’avérer pertinent de choisir la gestion libre, c’est-à-dire que l’épargnant lui-même se charge des arbitrages pour alléger les frais de son PER. Idem, en ce qui concerne les PER compte-titres qui sont beaucoup moins coûteux que les PER assurance. À considérer cependant l’absence de support en fonds en euros pour ce type de PER.
En conclusion, les versements programmés dans un PER incarnent une stratégie d’optimisation à part entière, combinant maîtrise du risque, levier fiscal et discipline d’épargne.